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mercredi 13 mai 2015

Où est passé l’État ? Le personnel de la BIU Santé lance un avis de recherche

         Tutelle: “ensemble des moyens de contrôle réglementaires dont dispose le pouvoir central sur les collectivités publiques et les établissements privés d’intérêt public en vue de les maintenir dans le respect de la loi et de faire prévaloir un intérêt public supérieur”. (Trésor de la langue française.)

A la motion qu’ils ont lue en faveur de la BIU Santé lors de la Commission administrative paritaire nationale des conservateurs des bibliothèques, les représentants syndicaux ont eu comme réponse du ministère (DGESIP) “ qu'il suivait le dossier et que sa priorité était de renouer le dialogue entre le président de l'Université Paris Descartes et la direction de la BIU Santé, qui selon lui n'aurait pas eu lieu.

Voilà donc où nous en sommes:
  1. Le président de l’université, sans se justifier auprès de personne, a privé la bibliothèque de la moitié de ses moyens et de son statut de service à comptabilité distincte, et il nie des conséquences qui sont évidentes pour tout le monde. Cet argent, destiné par l’État à la bibliothèque, ne lui a pas été attribué.
  2. Le ministère et l’Inspection ne répondent pas au directeur ni au personnel et n’interviennent pas. Les missions et les moyens de la bibliothèque restent sans définitions statutaires.
  3. Pendant ce temps, les étudiants, les chercheurs, les praticiens des disciplines de santé de ce pays sont toujours privés de la documentation de référence nécessaire pour bien  se former ou faire de la recherche.
Nous, candides agents de l’État, nous croyons que la tutelle doit répondre à sa définition. Nous croyons qu’elle est chargée de faire appliquer une politique correspondant aux intérêts supérieurs du pays. Nous croyons qu’une subvention donnée par l’État pour un certain usage doit être dépensée pour les besoins qu’elle est censée satisfaire. Aussi nous demandons que le ministère rappelle ses devoirs nationaux à l’université qui est en charge de la bibliothèque française de référence en santé.

Mais ce n’est pas ce que nous voyons se produire: le ministère demande qu’un dialogue qui a été impossible depuis plus d’un an et demi reprenne sans nouvelles instructions. Qu’on “se parle”, donc, loin de lui, sans lui, et sans qu’il ait à prendre ses responsabilités.

Étudiants, chercheurs, praticiens, à ce train vous n’êtes pas près d’avoir la documentation dont vous avez besoin.

Quant à nous, nous continuons de servir comme nous le pouvons. Nous continuerons aussi à lutter pour que notre tâche retrouve plus de sens avec un statut et des moyens adaptés.

Cependant, les centaines de messages de soutien qui ont été adressés au président de l’université depuis Paris, depuis la province et depuis l’étranger sont venus confirmer avec chaleur le sens de notre travail. De cela nous sommes fiers. À leurs auteurs, nous disons merci.

Récapitulons.
  • Depuis l’automne 2013, la bibliothèque (par la voix de son directeur et de ses cadres) a alerté à de nombreuses reprises l’université, mais aussi la tutelle ministérielle et l’Inspection des bibliothèques. Ces alertes sont restées sans réponse valable, et, le plus souvent, sans réponse du tout
  • Fin 2014, le personnel a adressé une lettre signée de 70 agents au président de l’université, qui a répondu, au bout de deux mois et après une manifestation publique de notre part, par un courrier que nous avons publié ici. Nos objections à cette réponse n’ont pas reçu d’autre démenti que des affirmations qui tiennent parfois de la langue de bois. (“C’est la faute du prix de la documentation électronique; et d’ailleurs, en 2015, la bibliothèque a retrouvé son budget, à peu de choses près”. - Les bras nous en sont tombés.)
  • Dans le même temps et de son côté, le directeur a lancé de nouvelles alertes par la voie administrative, tant vers l’université que vers le ministère et l’Inspection des bibliothèques; alertes restées sans aucune réponse de fond ou sans réponse du tout, et assurément, comme les usagers peuvent s’en rendre compte, sans qu’il soit remédié à une situation lamentable. 
  • Le personnel a écrit en mars une nouvelle lettre, ouverte cette fois, adressée à Mme Simone Bonnafous, Directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, et signée de 72 agents. Cette lettre, adressée en copie à l’Inspection des bibliothèques, est restée jusqu’à ce jour sans aucune réponse de Mme Bonnafous ni de l’Inspection : pas même un accusé de réception
  • Un article daté du 13 avril et paru dans Le Monde en écho à notre mouvement nous a informés de la réaction du président : “Je ne comprends pas où est le problème”.